A quoi sert le MMPI-2 ou sa version révisée, le MMPI-2RF ?
Depuis plusieurs mois j’utilise le MMPI-2RF (la version révisée et informatisée du MMPI-2) dans le cadre de ma pratique de l’évaluation et de l’intervention psychothérapeutique. Cet outil me permet de valider mes intuitions en rendant plus objective mon évaluation et, de vérifier que je ne commets pas d’erreur d’interprétation. Parce que je l’utilise également d’une part, pour évaluer la gravité des troubles et d’autre part, pour valider la possibilité de l’instauration d’une alliance thérapeutique, il est précieux pour me permettre le cas échéant, d’orienter les personnes qui me consultent vers d’autres professionnels de santé si nécessaire. Accessoirement de mon point de vue, il permet à la personne de faire l’économie de plusieurs séances préalables à la formulation d’un diagnostic et, à la définition de la stratégie de prise en charge psychothérapeutique la plus adaptée. Enfin, la séance de restitution est un moment privilégié qui consiste en une discussion axée sur les hypothèses formulées et qui permet non seulement de se centrer sur les difficultés, ressources et objectifs, mais aussi d’envisager des modalités d’un traitement le plus adaptée.
Qu’est-ce que le MMPI (Minnesota Multiphasic Personality Inventory) ?
Le MMPI-2-RF (inventaire multiphasique de personnalité du Minnesota-2 forme restructurée) est un questionnaire de personnalité à visée descriptive, diagnostique et thérapeutique, permettant d’identifier la dynamique psychologique du sujet questionné.
Cet inventaire de personnalité a été créé aux États-unis à la fin des années 30 par Hathaway et Mc Kinley. La première version est officiellement publiée en 1943. En 1989, James Butcher publie une seconde version, le MMPI-2, qui réactualise certains items et ajoute des échelles à la version initiale. Cette seconde version contient 567 items. La version originale, quant à elle, comprend 550 questions appartenant à 26 échelles, parmi lesquels famille et vie conjugale, vie sexuelle, masculinité-féminité, hypocondrie, dépression, schizophrénie etc. Chaque échelle a été construite en interrogeant des personnes atteintes d’un trouble spécifique et des personnes non atteintes.
Tout récemment, le MMPI-2 a connu un nouveau développement avec le MMPI-RF (Ben-Prorath & Tellegen, 2008).
Il existe plus de 12 000 livres et articles consacrés au MMPI et, ce test est utilisé dans 45 pays différents.
Le MMPI est l’un des tests psychologiques les plus anciens et sans doute le mieux connu et le plus utilisé. On notera qu’il existe aussi une version pour adolescent du MMPI, le MMPI-A pour les personnes encore mineures.
Les dimensions évaluées
Le MMPI-2RF est un questionnaire auto-administré qui évalue 3 dimensions :
- La capacité à remplir le MMPI.
- La façon dont se perçoit le répondant.
- La façon dont il souhaite être perçu.
Finalités du MMPI-2RF
Plus qu’un test descriptif de la personnalité, le MMPI-2RF est un instrument notamment utilisé pour étudier, analyser, évaluer et formuler des hypothèses (qui seront ensuite discutées avec la personne ayant passé le protocole) dans les domaines d’intervention suivants :
- Le niveau de perturbation fonctionnelle et, la gravité des troubles (au regard du positionnement de la personne, sur chaque échelle et d’une façon plus globale sur l’ensemble des échelles, par rapport à la population générale et à l’échantillon d’appartenance. Sont ainsi pris en compte le score de l’individu au regard des scores moyens, ainsi que les écarts-types qui définissent les percentiles. Autrement dit, le score de 65 définit comme seuil optimal pour différencier une population clinique d’une population générale, correspond au percentile 92. Soit, seulement 8% des personnes de la population générale obtiennent des scores supérieur à 65 aux échelles cliniques. Cependant, des scores inclus entre 60 et 65 commencent à être significatifs).
- La détresse psychologique subjective (détresse émotionnelle ressentie par la personne).
- Le niveau de soutien social (réel et perçu).
- La complexité des troubles ainsi que leur aspect chronique ou aiguë.
- Les ressources psychologiques internes (cognitives et émotionnelles) disponibles pour faire face aux situations de tous les jours (y compris celles déplaisantes) et pour gérer le stress ou l’angoisse.
- L’évaluation et la définition des stratégies de prises en charge les plus adaptées (au delà de la fréquence et de la durée) à chaque profil au regard des dimensions suivantes :
- La motivation au changement de la personne.
- Les capacités d’adaptation aux différentes modalités thérapeutiques, versus les mécanismes de résistance qui pourraient constituer des facteurs de moins bon pronostic pour l’établissement d’une alliance thérapeutique. La comptabilité du style relationnel avec une prise en charge comportementale et l’aménagement de cette dernière (individuelle, en groupe, en couple, en famille).
- La nécessité éventuelle de recourir à une pharmacothérapie complémentaire et, le cas échéant, le cadre de l’administration de celle-ci.
- La définition des axes prioritaires d’intervention :
- Apaiser le malaise / limiter la détresse.
- Diminuer le niveau de perturbation fonctionnelle.
- Recadrer les conduites perturbées.
- Modifier les problèmes symptomatiques (non complexes) ou intervenir sur des problèmes interpersonnels ou systémiques (complexes).
« Les problèmes qualifiés de non complexes peuvent-être traités par des actions dirigées sur les symptômes, leurs antécédents environnementaux ainsi que les facteurs de maintien en difficultés. Les problèmes complexes peuvent être traités par des modifications dans les patterns, les réseaux associatifs et les processus sous-jacents qui donnent naissance aux troubles ».
in Du diagnostic au traitement : Rorschach et MMPI-2, Serge Sultan, Lionel Chudzik, Editions Mardaga, Collection PSY-Évaluation, mesure, diagnostic, octobre 2010.
Pour aller plus loin :