Marguerite Weber (Master 2 de psychologie) : des pistes pour la place du psy

Je tiens d’abord à remercier Carole de me permettre de m’exprimer sur son blog dédié à la psychologie.

Cette idée fait suite aux différentes interventions relatives à « quelle place pour le PSY? » et particulièrement à celle de David NICOL.

Je réponds à ses propos d’abord en tant qu’étudiante en master de Psychologie du travail, mais surtout en tant que « vieille » infirmière qui a dû se battre pour faire reconnaître sa propre valeur et la valeur de sa corporation!

La place du PSY est celle que le PSY décidera de gagner ! Il possède les outils et méthodes pour se rendre utile, voire indispensable, à tous les niveaux de l’entreprise quelle soit publique ou privée. C’est un fait. Mais en a-t-il envie ?

Il est tellement plus tentant de se contenter du rôle de technicien de bilans de compétences ou de formateur à l’AFPA (principal recruteur de psychologues du travail avec Pôle Emploi) ou plus simplement de renier son origine et son code pour trouver un travail rémunérateur ! (Je ne jette pas la pierre car je pense à l’heure actuelle que je ferais pareil, si le besoin s’en faisait ressentir !).

Il faut reconnaître que nous ne savons pas qui nous sommes !

Non reconnus, nous sommes encore et toujours comparés aux psychologues cliniciens. Notre expertise n’est pas la leur, et contrairement à eux, nous ne savons nous mettre en valeur! Pourquoi ?

Notre discipline est encore récente en comparaison de nos confrères freudiens ou lacaniens.

Mais nos méthodes ont déjà été volées par les autres professions qui se servent à foison (et de manière parfois désastreuse) de nos découvertes, je prends pour exemple « l’appel à la peur » et autres théories de l’engagement qui ont été dévoyées pour le marketing, la vente (forcée) ou le management (par la peur).

Oui, nous ne savons pas mettre en valeur notre expertise et nous ne savons pas communiquer. Alors que faire ?
Quelles sont les solutions ?

  1. Faire notre auto-publicité sur de grandes affiches ! Non bien sur ! Je pense que des blogs tels que celui de Carole sont utiles mais non suffisants !
  2. Il faudrait également publier des études de terrain nos outils et nos valeurs seraient mis en avant. A condition de sortir des revues spécialisées et d’amener le grand public à découvrir notre savoir. Pour ce faire, il faut mettre celui-ci à sa portée comme le fait Beauvois, par ses livres. Mais, il serait certainement plus subtil de traiter des sujets tels les méthodes de recrutement ou le management, plutôt que celui de la manipulation, qui nous fait passer pour des « avaleurs de cervelle ». De plus, ces écrits seraient plus légitimes si leurs auteurs venaient du terrain et non du monde « idyllique » universitaire !
  3. Nos méthodes sont chères ! L’entretien structuré, par exemple, est la méthode la plus efficace pour un recrutement à long terme, mais il est plus cher qu’une simple consultation de CV. À nous de démontrer sa rentabilité sur le long terme.
  4. Pourquoi, dans cette optique d’information, ne pas créer, pour les DRH et autres cadres d’entreprise, une veille telle que celle de http://ressources-humaines.svp.com/ afin de les informer de qui nous sommes et de ce que nous pouvons apporter ?
  5. Je parlais plus haut de corporation. Ceci n’était pas innocent ! Certaines grandes écoles de commerce ou d’ingénieurs font du « parrainage ». Pourquoi pas les psychologues ? Pourquoi ne prendrions nous pas sous notre/votre aile un jeune pour lui livrer les secrets de notre/votre art ? J’estime qu’un diplôme ne sert à rien, je le compare au permis de conduire : « ce n’est pas parce que vous l’avez que vous savez conduire ! »
    Rien ne vaut la pratique et il faut bien avouer que ce ne sont pas nos stages obligatoires (200h à 300h en master 1, et 4 à 6 mois en master 2) qui nous amènent cette expérience nécessaire à l’amélioration de notre expertise.
    Les managers de terrain nous reprochent notre regard trop théorique d’universitaire et préfèrent engager des ingénieurs et des commerciaux. On ne peut le leur reprocher : eux mêmes, issus de ce type de cursus, privilégient leur pairs. Pourquoi ne pas faire pareil ? Ne serait-ce pas assez éthique/moral ?

Voici les quelques pistes qu’une novice de la psychologie tente de proposer.

Elles ne sont pas révolutionnaires, mais peuvent être efficaces si nous travaillons ensembles pour l’avancée de notre corporation.

Consulter le profil Viadeo de Marguerite Weber.

5 réponses
  1. valérie CHENARD
    valérie CHENARD dit :

    Cependant, je ne peux pas laisser dire de contre-vérités que j’ai pu pourtant moi-même penser comme si le Freudisme était la « voie royale »…(!?!).
    NON, Notre discipline N’est PAS « récente en comparaison de nos confrères freudiens ou lacaniens » CAR C’EST LA PROFESSION LA PLUS ANCIENNE ET CELLE QUI A ETE RECONNUE SOCIALEMENT LA PREMIERE EN FRANCE PAR LA BRANCHE DE L’ORIENTATION PROFESSIONNELLE (statut professionnel dès 1938. Pour ceux que cela intéresse, écoutez la conférence de Le Bianic ou j’ai d’autres textes à vous transmettre. Si tu le veux Carole je le transmets par mail pour que tu le mettes à disposition sur ton site (référence ouvrage Yves CLOT et article d’Annick Ohayon). Peut-être d’autres confrères ont d’autres références à faire partager à nous tous?
    Ah, par contre cela n’est pas connu du public, nous sommes invisibles mais C’est NORMAL, NOUS SOMMES A NOUS MÊME ET DANS L’IGNORANCE (ou déni?) DE NOTRE HISTOIRE et son inscription sociale. Cette histoire est pourtant bien la clé de voute de toute culture et notre culture professionnelle se résume du coup à ZERO ou en tout cas un empilage de théories de psychologie successives qu’on nous enseigne en cours magistral à la fac ou dans les ouvrages de psycho universitaires.
    Alors, voilà une piste pour la place du psy et qu’on se le dise tout à fait bizzarement novatrice : partager la conscience d’avoir les mêmes racines qui nourrissent chacune de ses branches. On pourra alors reconnaître la différence soi-même entre ses propres branches et les branches du voisin…
    Très cordialement et espérant que vous avez passé d’excellentes vacances pour entamer cette rentrée en pleine forme psychophysiologique,

  2. valérie CHENARD
    valérie CHENARD dit :

    Depuis que je suis formée et même bien longtemps avant, c’est la même rengaine. A la fac on nous expliquait la concurrence avec les RH et notre spécificité, en emploi on nous demandait notre « plus value », notre incapacité à savoir se vendre,… Pourtant, rien n’y fait; c’est même de pire en pire ou au mieux pareil. La raison? Ecoutez la thèse de sociologie des profession sur celle de la psychologie du travail depuiq 1905 http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=1863 et lisez le rapport STIGLITZ ( http://www.minefe.gouv.fr/presse/dossiers_de_presse/090914mesure_perf_eco_progres_social/synthese_fr.pdf
    ) qui nous expliquent enfin les éléments sociaux et environnementaux qui font que quoiqu’on fasse le contexte est plus fort que les comportements des différentes générations de psys du travail. Chers collègues, ne croyez pas que vous êtes individuellement la solution à tout ou coupable de tout : écoutez ce que nous dit le contexte et notre histoire, c’est ce qui peut nous donner les clés. La psychologie sociale nous apprend l’effet terriblement déterminant des contextes sur les comportements, alors pourquoi s’évertuer à croire que ce sont nos comportements individuels qui sont honteux ou salvateurs? Cà c’est la psy de comptoir où l’individu est le centre et la clé de tout. La dimension sociale ouvre d’autre porte, nous devons bien le savoir alors pourquoi ne pas appliquer cette féçon de voir à nous même?
    Pas le temps ? Certes, on ne vous le donne pas parce qu’il n’est pas productif mais vous, en conscience, vous accordez-vous le temps? Trop d’info tuent l’info? certes, mais les plus proches de celles que vous connaissez et instantanément assimilables sont elles celles les plus dignes d’intérêt? Pour ceux qui ne voient toujours pas l’intérêt de prendre le temps de s’informer à ces propos, je dirai que ceux qui ont à coeur de défendre la profession et de connaître la façon la plus pertinente de le faire, verront tout de suite l’intérêt de connaître le contexte et seront heureux que je leur ai transmis ces liens. Et, oui, il y en a surement parmi vous qui s’accorderont à dire que la connaissance du contexte est essentielle à l’atteinte de l’objectif fixé (règle de base de toute intervention en psy du travail).
    Et je serai alors ravie de pouvoir collectivement en débattre et mettre enfin toutes ces énergies perdues en plaintes et initiatives individuelles de concert dans une énergie collective et décuplée. Je suis impatiente d’avoir votre vision de ces éléments du contexte sociologique et économique au regard de ce que chacun de vous à rencontré dans sa carrière et ses emplois.

    PS : en ce sens Marc, je vous félicite de votre intuition car vous verrez que la vision court termiste des entreprises est une des variables essentielles nous plaçant en porte à faux avec le système économique actuel (cf rapport STIGLITZ) mais pas la seule.

  3. marguerite weber
    marguerite weber dit :

    bonjour,

    je suis en grande partie d’accord avec vous.

    mais je reviens sur cette notion de temporalité. je pense que nous pouvons nous mettre au diapason des entreprises. nous avons les moyens d’apporter du bénéfice immédiat ne serait ce que par le recrutement (=recruter une personne qui sera efficace plus rapidement qu’une autre car possédant un meilleur sens de l’adaptation ) . nous possédons des techniques scientifiquement prouvées, mais nous ne savons les vendre. par contre, d’autres personnes utilisent nos outils sans notre recul et sans notre déontologie et cela nous discrédite aussi.
    en ce qui concerne le dialogue, si eux ne viennent pas à nous, c’est peut être à nous d’aller vers eux! mais ce n’est pas « les petits jeunes « qui sont crédibles, ceux sont les psy qui sont déjà bien installés dans les structures! mais apparemment cette aventure ne les tentent pas : c’est humain 😉

    au plaisir de vous lire.

  4. Marc Bonneau
    Marc Bonneau dit :

    Bonjour,

    Un article intéressant sur une difficulté que j’ai l’impression de lire souvent : la place du psy en entreprise, ses apports, ses compétences, son intérêt
    Jeune diplomé fraichement en poste, je n’ai l’expérience nécessaire pour « savoir conduire », je ne me permettrais juste d’essayer d’alimenter une réflexion que je trouve intéressante.

    Nous avons à mon sens, un problème de temporalité.
    Le temps du management opérationnel n’est pas celui de la psychologie.
    Il me semble que les horizons temporels des entreprises, peut être de la société, se réduisent (se sont réduits?) considérablement, avec un ensemble d’outil, de technologies favorisant l’instantanéité.
    Comme vous le soulignez, les résultats du psy doivent être envisagés sur le long terme.
    Le management, et particulièrement le management de proximité à besoin de solutions efficaces sur le court terme et cela me semble difficilement compatible avec la complexité de l’objet de la psychologie…

    Dans ce bref horizon temporel, effectivement, nous sommes cantonné à un rôle de « technicien des bilans de compétences », à des fonctions de notre champ de compétences où les résultats sont visibles de suite.

    Je pense que nous avons besoin d’expliquer ce décalage. Je reste convaincu qu’il existe bien un besoin, une place pour le psy, mais que faute de dialogue et de compréhension, on en nous donne pas le temps nécessaire pour faire notre travail.

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